March 06, 2008

En route to Morocco - En route pour le Maroc

Vol AT 751 pour Casablanca, nous attendons le décollage. Un homme se met à crier, en anglais, et avec un net accent africain : « j’étouffe, au secours, … » Au début, les cris sont faibles, mais ils deviennent plus forts avec l’énergie de désespoir. « Je demande l’asile politique ». On commence à se retourner pour voir le fond de l’appareil. On comprend vite la situation, et on rit d’un air gêné, on se plonge dans son livre, on se met à discuter politique avec son voisin, ou bien on peste carrément sur le fait que tout ceci va retarder l’avion.

Le personnel se précipite vers l’arrière. Les cris s’amenuisent, et tout rentre dans l’ordre. Une fois en vol, je vais chercher un verre d’eau au fond de l’appareil. Pas de trace de ce réfugié politico-économique (qui sait où commence et finit tout ceci). Tout le monde sait que la France sous-traite les expulsions du territoire aux compagnies privées, sur des vols comme celui-ci. Mais l’illusion reste parfaite, et chacun d’entre nous peut continuer notre vie de privilégié autorisé à voyager de part le monde sans se poser de question.

Epilogue : le passager récalcitrant (Ghanéen, il s’avère) a été débarqué sur décision du chef de cabine. C’est un usage apparemment bien répandu, les associations de défense des immigrés informent les expulsés que les compagnies d’aviation refusent généralement de transporter les individus qui se rebellent.

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Flight AT 751 for Casablanca. We are waiting to push back, when a man starts to scream, in African-accented English: “I’m chocking, help me!, …” At first, the cries are muffled, distant, but they grow louder and more desperate: “I demand political asylum”. The crowd starts to understand, and gazes turn to the back of the plane. The situation is quite clear, and people laugh nervously, start up a political conversation with their neighbor, dive into their book, or complain out loud that this charade will delay the plane.

Flight attendants rush to the back of the plane. The cries diminish and stop, and all goes back to normal. Once aloft, I go back to get a drink. There is no trace of this political-economic refugee (who knows where the line between these really lies). Everyone knows that France subcontracts the flying of illegal immigrants to private companies, on commercial flights like this one. But the illusion is complete, and each one of us can go back to our privileged life where travel restrictions don’t exist.

Epilogue: the recalcitrant passenger (from Ghana, it turns out) was removed from the plane as per the bursar’s decision. It’s apparently a common pattern, as the associations that defend illegal immigrants inform them that airlines usually refuse to transport rebellious prisoners.

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